contexte

« Ô muse, raconte-moi l’homme… » Ainsi l’aède débute-t-il ses récits, inspiré par la poésie d’Erato, bercé par le chant de Melpomène. Il conte les exploits et les défaites des plus grands, des héros aux noms gravés dans le marbre. L’Ulysse aux milles ruses, le grand Achille, le divin Heraclès sont autant de visages sculptés et de modèles pour célébrer la majesté de la Grèce d'antan.
Ces mythes qui ont bercés plus d’une oreille et continuent de noircir les pages de milliers de livres ne sont toutefois pas l’œuvre d’Homère et ses semblables. Les Dieux du haut de leur Olympe ont toujours veillé sur leurs ouailles. Et ce, jusqu’à ce que les hommes se tournent vers d’autres divinités, s’égarent et ne croient plus en eux : les Immortels.
La foudre de Zeus ayant perdu de son éclat, les sacrifices n’étant plus rendus, c’est pour fuir cette vision de décadence qu’ils cessèrent d’exister dans les mémoires. Délaissés et profondément atteints par tant d’ignorance, les Dieux ont fini par laisser les mortels en proie à leurs passions. Réfugiés dans leur monde où leur règne se poursuit sur la nature, les éléments et leurs sujets, ils n’ont laissé qu’une brèche pour les atteindre.
Au creux des flots, près d’une île isolée des Cyclades, les sirènes continuent de couler les navires qui osent pénétrer leur territoire. Les carcasses des bateaux jonchent les profondeurs, mais les passagers, par cette noyade, se voient offrir le privilège de se réveiller dans le monde des Dieux. C’est de cette façon que les Immortels peuplent leurs terres et trouvent en ces naufragés de nouveaux héros, de nouvelles opportunités d’animer l’éternité.
C’est une autre Grèce, une Grèce de mystères cachée par un enchantement.
Ici les colonnes cannelées s’élancent gracieusement pour soutenir les frontons sculptés des temples. Les oracles prédisent de leurs mots prophétiques richesses et malheurs. Les navires sont secoués par la volonté de Poséïdon. Les palais des rois ont fière allure lorsque l’aurore aux doigts de rose se lève. Les sabots des centaures bourdonnent entre les arbres des forêts. Les glaives s’entrechoquent en rythme, tandis que les mains qui les manient sont animées par une envie de gloire et de victoire.